On se croirait en Provence, mais on est à deux pas de la Bastille, en plein cœur de Paris. L’ex-chef étoilée de l’avenue George V a ouvert il y a trois ans un hôtel-bistro à l’esprit « campagne à la ville ». Dans ce quartier chic, l’auberge de Flora connaît un immense succès.
Non seulement, elle correspond parfaitement à l’image sympathique de Flora Mikula, mais surtout la chef y travaille au quotidien. A la fois bohême et stylé, simple et vrai -comme on le constate à travers la décoration des chambres en étages, réalisée par Sébastien d’Evry, créateur de Simone & Hug-, la maison d’hôte se veut « à l’ancienne ».
Créatrice culinaire, sinon rien !
« Se sentir ici de façon naturelle, être comme chez soi était depuis longtemps notre souhait ! » souligne Flora, assistée par Raphaël, son époux pour ce qui est de la partie cosy del’hôtel. Au bar du restaurant, dans un coin joliment décoré d’objets rétros, les tapas (de la moule gratinée aux samossas, guacamole et gaspacho…) ont été mis à l’honneur sur un présentoir à l’apéro, ils donnent franchement envie. Plus tard, au déjeuner puis au dîner, seront proposés les plats du marché à la fine touche méridionale inspirée par Flora Mikula, tel le délicieux chausson farci au chou, olives et foie gras. « Fille d’un militaire polonais, je me souviens en Provence, après le décès de ma mère, sachant que j’étais une petite gourmande, mon père me fit comprendre ce qu’il espérait de moi. Je serais une créatrice culinaire, une chef à part, sinon rien… Dès l’instant, je commençais par dévorer la vie, je serais une entrepreneure-chef et pas une cuisinière assistée. Mon père m’encouragea autant qu’il le put et je l’en remercie ! ».
Flora Mikula © L’Auberge de Flora
Les débuts de Flora
A 16 ans, Flora Mikula entreprend des études d’hôtellerie et de restauration dans une école d’Avignon. Pas facile ensuite pour cette jolie blonde au regard pétillant de s’imposer dans un système réservé aux bras masculins. Elle se voit remerciée dès l’instant où elle entre dans des restaurants, si possibles étoilés car c’était justement là sa définition des choses. « J’étais une femme et les femmes n’avaient pas de place en cuisine ! »… Flora part donc pour une capitale plus « opened mind » (davantage ouverte d’esprit), chez un jeune chef anglais, à l’hôtel Ramada Inn dans Oxford Street. La suite, on la connait. Le chef étoilé, Jean-Michel Lorrain la repère. Il l’embauche au Méridien-Paris. Jean-Michel voit, comme d’autres professionnels que Flora, déterminée, apprend plus vite que la moyenne ! Sérieuse, dotée d’une personnalité hors norme, elle imprime sa marque indélébile, un brin comédien.
Expériences et rencontres
Goûteuse, colorée, féminine, sa cuisine prend alors un autre visage mais son histoire reste à la source même des marchés de Provence… « J’ai toujours été fascinée par les rencontres, les voyages et je me souviens de l’hôtel Relais et Châteaux Filaos de Saint-Barth, en particulier des plantes et des légumes que l’on utilisait sur une cuisine lourde d’épices. Plus tard, quand je suis rentrée en France, j’ai suivi Jean-Pierre Vigato, chef au Apicius et j’ai appris à confectionner des petits plats canailles : groin de cochon grillé, oreilles et rognons en sauce…».
Flora va et vient. Un coup on l’aperçoit à Paris, un autre à Sainte-Maxime sans oublier les nombreux salons ou festivals culinaires, à l’exemple des Gastronomades d’Angoulême l’an passé où elle assure une démonstration impressionnante… Un passage à New-York lui vaut plus tard, à la section pâtisserie du restaurant Le Bernardin, une expérience enrichissante sous l’œil de François Payard. Des chefs franco-newyorkais : Jean-Georges Vongerichten, Daniel Boulud, Eric Ripert et d’autres qui la croisent en salle ou ailleurs, elle dit : « ils m’ont apporté une vision de la gastronomie mais surtout leur énergie quand je n’avais que 24 ans ! ». Alain Passard finit par l’embaucher à Paris comme chef de partie. En quelques semaines, elle devient sa seconde… C’est dans ces cuisines mythiques qu’elle rencontre aussi son futur mari.
Flora Mikula, une gagnante
Ensemble il leur vient des ailes et ils développent des projets ambitieux : les Olivades, avenue de Ségur : « un restaurant esprit Provence ». Plus tard -et pendant huit ans- dans un autre : Les Saveurs de Flora dans l’avenue George V, « un établissement qui ne reçut pas d’étoiles et qui me laissa un goût étrange ! »… « De tout, je m’inspire, je travaille et je joue. A l’Auberge Flora, il faut goûter à la cuisse d’agneau aux fèves parfumées et à l’huile d’olive ! » confie, trente ans après, la belle gérante qui a su conserver sa voix et son sourire légendaire. Confortablement installé sur une chaise ou sur le tabouret haut du restaurant, la carte fait plaisir à découvrir. Flora Mikula est une gagnante « haut la main ». Son brunch du week-end (à 28 euros) est un vrai best-seller, qu’on se le dise.
L’auberge de Flora
44 Boulevard Richard Lenoir
75011 Paris – France
Tél: +33 1 47 00 52 77
Ouvert 7 jours sur 7 – Menu à partir
de 20 euros (entrée-plat ou plat-dessert).
Menu Tapas à 50 euros environ.
Chambres autour de 200 euros.
Étiquettes : Auberge de Flora, cheffe de cuisine, cuisiniere, flora mikula, gastronomie, restaurant paris