Photo : ©2007 Jérôme Chapman
Historienne de l’art, plus particulièrement spécialisée dans l’art culinaire ancien, Liana Marabini est renommée mondialement ; rare experte en la matière elle est aussi auteur, éditeur et producteur de films pour la télévision toujours sur cette même thèmatique : la gastronomie ancienne. Par ailleurs, elle donne son avis (aux tribunaux et aux particuliers) dans la valorisation des successions comportant des collections importantes de livres anciens ; collabore avec les maisons de ventes aux enchères et aide les bibliophiles fortunés à constituer leurs collections ; conférencière, ses interventions pertinentes en la matière lui valent un respect et une écoute unanime.
A Monaco, sa librairie, aux rayonnages chargés de livres uniques au monde, décorée de meubles anciens et d’objets d’art, porte le nom symbolique et merveilleux de « Scripta Manent » (nom révélateur, qui, traduit du latin, signifie « les écritures restent »). C’est ici, qu’entre livres de collection et manuscrits d’époque, Liana Marabini nous explique l’importance des ouvrages anciens de civilisation matérielle en général et de gastronomie en particulier. « Les guerres et les invasions, les victoires et les défaites, les inventions et les découvertes de l’homme, sont des moments assez bien connus, ayant influencé ou modifié notre façon de vivre, ils sont facilement racontables et bien définis. Mais ce qui a vraiment constitué la vie de tous les jours des gens, ce qu’ils mangeaient, ce qu’ils disaient, comment ils décoraient leurs maisons et leurs jardins, comment ils s’habillaient, quelles étaient leurs règles de comportement, c’est plus difficile à découvrir. Les faits et les gestes liés aux victoires et aux défaites sont représentés sur les monuments, chantés par les troubadours et commémorés par les peuples, en tant qu’épisodes majeurs et uniques mais ce qu’on faisait tous les jours pour vivre reste insaisissable. Scripta Manent a pour mission d’aider nos contemporains à mieux comprendre le quotidien de leurs ancêtres. Ce n’est pas facile, mais nous aimons les défis.
Les instruments que nous utilisons sont les livres et les manuscrits anciens. Nous aidons les collectionneurs (mais aussi les chercheurs et les historiens en tout genre) à découvrir quand un plat a été inventé, par qui, comment il était servi, quels étaient les vins qui l’accompagnaient, mais aussi quels assiettes et verres étaient utilisés pour ces nourritures, comment on décorait la table, avec quelles fleurs et quelles couleurs.Et encore, quels voyages ont été entrepris pour découvrir épices et végétaux, quels vêtements étaient en vogue dans les siècles passés, quels meubles et quelles plantes embellissaient la vie de nos ancêtres… Bref, notre librairie vous aide à comprendre et à aimer les styles de vie de nos prédécesseurs. »
Cette librairie extraordinaire regorge d’éditions tellement rares, qu’on se croirait au musée. En effet, sur une étagère siège la deuxième édition du « Cuisinier français » de La Varenne (un ouvrage unique) : « il y a un exemplaire ici, à Scripta Manent et un autre à la Bibliothèque nationale ; deux autres dans deux collections particulières » nous » confie Liana Marabini. Entre autres trésors, on peut aussi admirer avec émotion la liste manuscrite faite par Dom Pérignon qui décrit les vins exitants dans la cave du Roi Soleil (« Cette pièce n’est pas à vendre, elle fait partie de ma collection personnelle », nous dit-elle) ; des manuscrits sur parchemin du XIIIe siècle : « ce sont des recettes de liqueurs et confitures, écrites par des moines » confirme Liana Marabini. Sur une autre étagère, on peut encore découvrir les premières éditions des ouvrages de Menon (« La cuisinière bourgeoise »), de Carême, de Massialot, de Bartolomeo Scappi (le premier livre de cuisine illustré, 1570), de Platina (le premier livre de recettes imprimé, 1475), de Brillat-Savarin, de Parmentier ou d’Escoffier, ainsi que d’autres raretés précieusement rangées comme une facture de vente de victuailles embarqués sur les caravelles de Christophe Colomb (1494), la liste de cuisine de Louis XIV (Versailles, 1698), le premier livre d’astrologie gastronomique (1450), une recette de macarons envoyée à Marie Antoinette par son pâtissier, la collection complète des volumes du premier guide des restaurants (Grimod de la Réynière), les règles de comportement rédigées par Monsignor della Casa et beaucoup d’autres merveilles…
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