Après avoir été pendant 3 ans, l’homme de confiance du propriétaire Michel Ohayon, Yan Vacher a pris la tête du Grand Hôtel de Bordeaux en septembre 2011. Sa mission, faire de ce joyau de la grandeur du 18 et du 19 ème siècles bordelais, un lieu incontournable dans le monde du Luxe, du Lifestyle et du vin. Yan Vacher, issu de la banque, ne connaissait rien du secteur hôtelier avant de relever le challenge ! En peu de temps, il relance la célèbre brasserie optant définitivement pour la dénomination Le Bordeaux. Il laisse partir le chef du Pressoir d’Argent et et confie ses cuisines au chef Stéphane Carrade. Il vise les trois étoiles. Ce jet-manager sillonne la planète à la conquête des nouveaux marchés.
Yan Vacher © Eric Bernatet
Références : Comment se présente la conjoncture ?
Yan Vacher : Très bien orientée. Retour des américains et surtout, explosion des marchés émergeants, Chine, Russie, Brésil. Ce qui vous explique pourquoi je serai peu à Bordeaux ces prochains mois. En juin, Taïpeh, Hong Kong, Shanghaï ; le 10 juillet, Sydney, Melbourne ; octobre, New York, Chicago, Los Angeles ; fin d’année, Vienne. On le sait peu, le travail d’un directeur de palace, ce sont beaucoup de déplacements et beaucoup de management.
References : Comment prospecte t’on ?
Y.Vacher : Personnellement je travaille sur plusieurs registres : les salons professionnels de l’industrie du luxe, les grandes agences de voyage, les journalistes. Aux Etats Unis, les grandes agences sont un Etat dans l’Etat ! Elles se regroupent dans des immeubles, se fédèrent en consortium à 100 ou 200. J’organise des déjeuners, des petits déjeuners, des goûters où ces professionnels débarquent à cinquante, ce qui permet de toucher 100.000 clients potentiels en une seule matinée. Lorsque la confiance est présente, un rapport essentiellement basé sur l’affect, un seul contact gagnant avec un directeur de consortium, et la rumeur fait le reste. Votre réputation monte dans les étages ! Et comme les riches – new-yorkais, par exemple- ont un agent de voyage personnel, comme une nurse ou un médecin, au fil de ces rencontres express, à la fin, on connaît le client. On connaît ses goûts, ses attentes. Et quand il arrive chez nous, il faut qu’il se sente « comme à la maison ». On sait tout, ses préférences au petit déjeuner, l’heure de son lever, la marque de ses pantoufles, de son eau minérale favorite, la couleur des fleurs…Aucune erreur n’est permise. Pour le reste, une collaboratrice effectue quatre fois par an une tournée de prospection et recueille plutôt les nouvelles tendances.
References : Et ces tendances bougent vite ?
Y.Vacher : Elles sont très stables aux Etat Unis. Les personnes qui ont déjà réservé – souvent aussi par Internet – ont tout prévu. Avec la chambre, ils réservent une table à l’avance dans un restaurant multi-étoilé. En France, la Gastro et le vin sont devenus un vrai sujet. Et il va en grandis sant. Nos clients américains veulent de l’authentique, des choses simples, exceptionnelles, comme apprécier une entrecôte aux sarments devant un feu de cheminée en compagnie d’une vraie famille. Aller chercher des éléphants pour les conduire à califourchon dans les vignes serait le comble de la fausse bonne idée !
References : C’est aussi facile avec les Chinois ?
Y.Vacher : D’abord se pose le problème la langue. Mais cela étant, les Chinois viennent à Bordeaux, essentiellement pour apprendre la fabrication du vin, pas seulement déguster…et éventuellement acheter un château*. Ici, pour le vin, l ‘Américain a un temps d’avance, est dans le salon, le Chinois est dans le chai ! Quant aux Russes, leur attente est plus difficile à identifier : le luxe et un véritable attrait pour la marque « Bordeaux ». Grand sujet de satisfaction, Bordeaux fait désormais partie des destinations actuelles. Paris, Londres, Genève, Bordeaux. Alors que jusqu’à une période récente, Courchevel l’hiver, Biarritz, l’été, avaient seules la faveur des Russes qui ignoraient Bordeaux. Le gros travail accompli par l’Hôtel du Palais est pour quelque chose dans cette véritable explosion. Ce marché nous envoie un signal et nous allons y aller. De même que le marché moyen oriental. Dubaï sera ma prochaine destination. Les mesures récentes, plus conciliantes sur les visas, et le climat général sont favorables. D’où une augmentation de ce segment des émergeants de sept à dix pourcent.
Références : Quelles nouvelles priorités pour l’hôtel ?
Y.Vacher : Nous avons réalisé le principal. Membres des Leading Hotels of the World, nous avons rejoint le club très fermé des grands palaces historiques de la fin du XIXème « Belle Epoque ». Nous avons cassé les cloisons pour aménager des suites conformes aux désirs de la très belle clientèle dans l’esprit impérial de la décoration signée Jacques Garcia. Certaines offrent un bar à vin privé. Le Spa a été encore embelli. Nous avons un projet pour faire de l’ancienne Orangerie, un espace plus ample et ouvert sur le bar. Le Roof Top le plus couru de Bordeaux a rouvert fin mai. Reste à recruter ce chef qui nous fera accéder aux Trois étoiles. J’ai déjà reçu et contacté des prétendants. Nous tenons à ce qu’il soit présent à Bordeaux le plus possible, et que cet établissement le motive vraiment. Il n’y a aucune urgence car la restauration que nous offrons avec Stéphane Carrade est de très haute qualité, authentique, curieuse, renouvelée sans cesse, ancrée Sud Ouest comme il se doit !
Yan Vacher, directeur général du Grand Hôtel de Bordeaux
Propos recueillis par Marie-Christiane Courtioux
Grand Hôtel de Bordeaux © Grand Hôtel de Bordeaux