Poser la question, c’est oser l’oxymore. Dans l’inconscient collectif, la capitale du Var n’est pas précisément positionnée comme une destination touristique. Elle ne possède d’ailleurs pas de 4 étoiles…
Les clichés ont la vie dure et l’image de la ville rénégate qui défia la République naissante en se donnant à la Perfide Albion, du bagne de Jean Valjean, des barres d’immeubles sans grâce reconstruites après-guerre, des grues d’acier de l’arsenal militaire et du petit Chicago, ce quartier mal-famé où sortaient les permissionnaires sitôt à quai et où naquit la French Connection dans les années soixante, occupent encore les esprits. Et pourtant, loin des idées reçues, la ville panse ses plaies, se farde, se fait coquette. Des plages de sable gagnent sur la roche et se la jouent façon Malibu à la provençale.
© Les Pins Penchés
Les beaux bâtiments haussmanniens qui ont résisté aux bombardements se refont une beauté. La vieille ville se réhabilite lentement et les taudis des marchands de sommeil laissent progressivement la place à de coquettes placettes où fleurissent les enseignes nationales. Quant aux villas Belle Epoque des corniches, elles n’ont rien à envier à leurs homologues de la Côte d’Azur. Enfin, le soleil y est plus chaud, la mer plus douce, l’air plus parfumé et le rythme plus nonchalant que dans nombre de stations balnéaires.
Il manquait à cette renaissance une louche qui en attise le feu, en ravive les couleurs et en réveille les saveurs. Cet Amphitryon toulonnais, c’est Stéphane Lelièvre. Un chef discret qu’on cherchera en vain sous les sunlights où se complaisent nombre de ses confrères. Qui construit patiemment son empire régional, « La Table du port » à Carqueiranne, « Les régates » au Port de plaisance de Toulon, « Le Robinson » sur la plage de l’Almanarre, le dernier-né « Les p’tits pins » place de la Liberté au cœur de Toulon et surtout le navire-amiral de l’escadre, « Les pins penchés » au Cap Brun, le quartier chic de l’agglomération. Une adresse de rêve, le château de la Clapière, résidence du XVIIe siècle qui appartint en son temps à Lord et Lady Dilke, qu’il investit en 1988 avec son épouse Sandrine, tombée dans la marmite aussi jeune que lui.
© Les Pins Penchés
Là, sur une cascade de terrasses ombragées de pins parasols centenaires qui se penchent pour mieux embrasser la Méditerranée, chaque saison se déguste en majesté. La collection de Printemps s’habille de Tempura de cueillette des fleurs du jour, se vêt d’esturgeon et saumon mi-fumé salade au jasmin blanc, se pare de blettes sauvages et œuf bio poché fleur de sel au caviar, puis de paleron de bœuf français sur-confit, asperges, morilles de pays et fleurs de sauge-agrume, avant de s’accessoiriser de fraises Cléry du pays huile d’olive du moulin glacé et d’élégance de trois chocolats, sorbet au thym-citron. C’est subtil, racé et cela promet de belles fulgurances. Une adresse qui mérite un large détour, ne serait-ce que pour se dédommager de nos préjugés à l’égard d’une Préfecture du Var dont on ignore injustement les attraits.
© Les Pins Penchés
D’ailleurs, Lelièvre ne se contente pas de cultiver sa collection privée de palmiers, l’une des plus fournies d’Europe d’après lui. Quand il ne taille pas ses phoenix canariensis, quand il n’arrose pas ses chamareops humilis, et quand il ne chérit pas ses trachicarpus fortunei, le rêve de construire sur ces rivages enchantés le 5 étoiles qui manquerait à la ville pour la positionner sur le marché du luxe le travaille. Dix millions d’euros et 30 chambres plus tard, l’établissement serait le joyau qui manque à l’écrin de ce somptueux parc méditerranéen sur la corniche. La mairie appuie le projet de cet opiniâtre qui va toujours au bout de ses songes. Peut-être cette idée se réalisera-t-elle dans une métropole qui croit enfin à elle-même ? Probablement un peu grâce à la fierté retrouvée d’une ville dont l’équipe de rugby a su décrocher à la fois le dernier trophée H-Cup et le bouclier de Brennus, la Coupe d’Europe et le Championnat de France de rugby à XV. Peut-être simplement parce que Toulon…
Les Pins Penchés – Stéphane Lelièvre
Membre de Châteaux & Hôtels Collection
3182, Avenue de la Résistance – Chateau de la Clapière – 83000 Toulon – France
Tél : +33 4 94 27 98 98
Email: [email protected]
Internet: www.lespinspenches.com
Menus de saison à 68 € et 78 €
© Les Pins Penchés
Le rêve de Stéphane Lelièvre : Un hôtel 5 étoiles à Toulon !
Texte: Bernard Deloupy
Étiquettes : Cap Brun, gastronomie toulon, le château de la Clapière, Lord et Lady Dilke, rct, RCT - Rugby Club Toulonnais, restaurant gastronomique, Sandrine Lelièvre, Stéphane Lelièvre, toulon