« Le secret le mieux gardé d’Europe » revendique le slogan de l’Office de tourisme. De fait, l’Algarve (« L’ouest » en arabe), cette région côtière qui s’étend de l’Andalousie à la pointe sud-ouest du Portugal, recèle quelques petites pépites encore trop souvent confidentielles pour les amateurs d’exotisme au sein de la Communauté.
Si les anglais l’ont découverte dans la foulée des vignobles de Porto, lorsque Napoléon leur imposa le blocus continental et l’accès au terroir des vins d’Aquitaine dont ils raffolaient, les français ignorent encore dans leur majorité les charmes de cette côte atlantique qui fait face au Maroc, davantage protégée des rigueurs océaniques que la façade occidentale du pays.
Vista Bela © Vista Bela
A tout seigneur tout honneur, le premier hôtel qui y fut construit et lança la destination auprès des initiés, vient d’être entièrement rénové en établissement de luxe, tout en conservant le chic de son glorieux passé. Construit au XIXe siècle en tant que résidence privée sur le piton rocheux qui domine Praia da Rocha, l’une des plus belles plages de sable fin de la région, il symbolise les vertus d’un peuple de conquérants qui a su se hisser en son temps au rang de plus riche empire d’Occident. De la dunette de cette caravelle de pierre que représente la terrasse face au large, on imagine sans mal le sentiment qui a dû habiter l’infant Henrique, dit « Henri le navigateur », lorsqu’il lança ses navires à la découverte du globe. Un siècle plus tard, de prodigieuses richesses affluaient de Madère, des Açores, des îles du Cap-vert, du Mozambique, d’Angola, des Indes, du Brésil, de Chine, des Moluques et du Japon…
Héritier de ce glorieux passé, le bâtiment fut transformé en petit hôtel dans les années trente par son propriétaire Henrique de Vasconcelos. Les clients s’y rendaient alors en bateau et accostaient sur la plage. Si ses murs pouvaient parler, ils révéleraient les incroyables transactions qui ont dû s’y dérouler durant la seconde guerre mondiale, où son isolement et son accès privilégié par mer en ont fait un véritable nid d’espions favorisé par la neutralité du Portugal dans le conflit.
Bar Vista Bela © Vista Bela
Fréquenté par la suite par des hôtes prestigieux –comme le Roi d’Italie Umberto de Savoie, le dictateur Baptista après son éviction de Cuba par Fidel Castro, ou le Président finlandais le Maréchal Mannerheim, l’établissement est resté au sein de la même famille depuis sa construction. Il vient de subir une cure de jouvence spectaculaire pour en faire un palace dans le souci de respecter son décor d’origine, au point d’être l’un des seuls hôtels classés monuments historiques de la région. Ses azulejos du 17e siècle, ces célèbres carreaux de faïence vernissée empruntés aux arabes qui sont la marque de fabrique de l’architecture portugaise, évoquent l’âge d’or des découvertes et ses scènes épiques qui ont forgé l’identité nationale. La volée d’escalier et ses plafonds à caissons en bois précieux du Brésil sont également un ravissement.
Confié en gestion au Groupe Phoenix spécialisé dans l’hôtellerie de luxe, le Palace historique est désormais affilié à la chaîne des Relais & Châteaux, séduite par le confort de ses 38 chambres et suites, les prouesses d’une décoratrice inspirée qui a su mélanger authenticité et modernité tout en jouant sur les couleurs et les textures, une piscine de rêve avec accès direct à la plage et un Spa délicieux où s’exprime tout le savoir-faire de l’Occitane-en-Provence.
Spa Vista Bela © Vista Bela
Aux fourneaux oeuvre le Chef Rogerio Calhau, précédemment second du Capital Hotel & Restaurant de Londres (2 étoiles Michelin), après avoir promené sa louche au Sultanat d’Oman et en Angleterre où il a assuré en freelance le catering de Naomi Campbell et du Prince de Galles. Goûter à sa cuisine face à un somptueux coucher de soleil sur l’Atlantique, frôlé par le vol plané des goélands, est un moment d’éternité. De rafraichissants amuse-bouche gaspacho fraise-pastèque-granité champagne au pudding traditionnel poire caramélisée et sorbet de l’abbé de Priscos en passant par un foie gras mousse aux fruits de la passion et chutney de mangue et un filet de lotte roulé au jambon « bisaro » fûmé et ragout de légumes au pistou, le tout arrosé de vinho verde fruité, d’Alvarinho au goût de pamplemousse, de blanc Cabrit d’Algarve et de rouge Vinha Paz de Coimbra, l’expérience confine au sublime.
Un privilège pour happy few aussi sensibles au raffinement du confort hôtelier ultime qu’à l’élégance inégalée d’un passé révolu.
Et une excellence logiquement sanctionnée par une nomination aux World Luxury Hotel Awards …
Informations: www.hotelbelavista.net
Bela Vista Hôtel & Spa : L’élégance d’un palace portugais du XIXe siècle
Texte: Bernard Deloupy
Chambre au Vista Bela © Vista Bela
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