Le vin les a inspirés. On y célèbre l’art de le faire, de le déguster, de le mettre en scène. Trois lieux remarquables en bordelais. Trois lieux où le bon goût rencontre l’architecture pour une émotion totale.
Le Bar à vins, cours du XXX juillet,
un classicisme bien branché
Depuis 2006, le visiteur de Bordeaux peut aller à la découverte du vin au cœur même de la ville. Le Comité Interprofessionnel des Vins de Bordeaux a doté le centre-ville d’un lieu original, chic, propice à la rencontre. Dans cet hôtel particulier, l’hôtel Gobineau, très représentatif de la grande bourgeoisie locale des siècles passés, un vent de modernité, pensé par l’architecte Françoise Bosquet, invite à une dégustation moins cérémonieuse mais tout aussi appliquée que dans ces temples du vin que sont les grands chais.
La forme de l’immeuble en proue de navire rappelle les origines de la fortune de la cité. La disposition intérieure marie colonnes néo classiques et mobilier créé pour le lieu dans les matériaux et couleurs du travail de la vigne et du vin, acier, verre, bois noble, déclinaison de gris, de verts, de sables et de bruns. Les sièges design, rappellent la forme douce des galets des terroirs de graves. On peut se retrouver à table, au lounge, au bar très bistrot où l’architecte a conservé les œuvres des années 50 qui magnifient les hommes et le vignoble : tapisserie d’Aubusson signée Marc Saint-Saëns, deux vitraux de René Buthaud, allégories au fleuve Garonne.
Des ambiances intemporelles pour mettre en valeur la diversité du vignoble bordelais, bien représentée sur la carte du Bar à Vin. Sans cesse renouvelée, elle propose en permanence une sélection d’une trentaine de vins : rouges, blancs secs et doux, rosés, clairets et crémants.
Une restauration adaptée et légère permet d’apprécier la variété des appellations de Bordeaux. Ce voyage urbain ne dispense pas de la découverte si étonnante du vignoble et de ses joyaux. Mais il facilite l’initiation par la comparaison, les conseils et les cours de dégustation pour les plus motivés.
Bar à Vin du Conseil Interprofessionnel du vin de Bordeaux
3, cours du XXX juillet
33000 Bordeaux
Tél. : 33 (+) 05 56 00 43 47
Ouvert du lundi au samedi de 11h à 22h (sauf jours fériés).
La WINERY, un audacieux repère, un must
Nul besoin de connaître le tempérament classique et réservé du Médoc pour imaginer l’émotion créée par la poutrelle de Bernar Venet, barrant la façade austère du Château d’Arsac, et le grand mobile de Susumu Shingu qui bouge à la respiration du monde !
Ces lieux où l’art contemporain est venu secouer le regard sur le vignoble sont devenus des repères incontournables et familiers à l’entrée de la pointe médocaine sauvage, tapis de perfection viticole, jalonnée de joyaux de pierre, à peine effleurée par les dégâts de la civilisation urbaine.
Contraste d’époque, de matériaux et d’échelle, la Winery accueille ses visiteurs dans un hall immense, serre d’acier et de verre, un château ou un temple contemporain à la gloire des vins, au cœur d’un paysage paisible de lande, en lisière de vignoble.
L’œil sera attiré tantôt par une composition colorée et ludique, comme le « Chaos » du plasticien Thoma Ryse, tantôt par un alignement impeccable et tentateur du fruit des meilleurs vignobles, Alsace, Sicile, Languedoc, Chili, et naturellement Bordeaux, médocs, et autres terroirs locaux. 1001 bouteilles exposées à la vue, dans des prix variant de quelques euros à plus de mille.
Au bar à vins, on pourra choisir entre trois formules de dégustation, découverte, thématique
( par cépage, par appellation…), ciblée sur les Bordeaux. Le vin servi au verre peut tout simplement être dégusté sur une assiette gourmande. Fréquemment accompagné des commentaires des producteurs eux-mêmes lors d’ateliers gustatifs.
Ne pas passer en coup de vent à la Winery !
La principale attraction, qui est aussi le concept phare des lieux, requiert un peu d’attention. Si vous voulez connaître vos goûts, voire vos penchants profonds et les vins qui vont avec. C’est l’atelier de découverte du Signe œnologique, qui dira si vous êtes Gourmand, Explorateur, Tendance, Sensuel, Esthète…etc. et quels vins sont conseillés pour votre cave idéale. Mieux vaut y aller en couple, voire en famille, pour ne plus jamais décevoir personne par des achats au hasard.
La table du WY, modestement qualifié de « bistronome » dans une autre aile du bâtiment, toujours à la vue du milieu naturel, est tenue par le jeune chef argentin Daniel Villarreal. On y mangera un damier de coquilles saint jacques à la truffe, un homard laqué aux agrumes, des produits de gastronomie, associés avec talent, dans la tendance. Avec le souci de favoriser les meilleures associations mets-vins. Ambiance lumineuse et formule étudiées permettent à chacun de se faire plaisir : plat&café gourmand à 12,80 euros – menu à 21, 30 euros. Terrasse signée Philippe Starck, vins au verre, bouteilles à prix caviste et chaque trimestre, un « Wine Dinner » autour d’un viticulteur invité.
La WINERY, Rond point des Vendangeurs-33460 ARSAC EN MEDOC
Départementale D1, entre le Taillan et Castenau de Médoc
Tél.0556 390 490
Le Château de Francs, entre pierre et design
ressuscité par André Vossen
Il est en vignoble bordelais, limite entre Gironde et Dordogne, un tout petit village perché sur une appellation peu connue. C’est presque tant mieux, car ici, on coupe les ponts avec la civilisation du stress, pour revenir à celle de la pierre, de la terre, de l’histoire authentique.
Ad Francos, le vignoble d’André Vossen, vient de produire son premier millésime intra muros…ici ce n’est pas un mot en l’air… des murs, il y en a des tonnes, relevés depuis 2005 par un infatigable amoureux du pays, de l’architecture, du design et du vin !
« Ce château un des plus anciens de la région, premier repaire franc en Gironde, après la bataille de Vouillé, présentait les blessures de toutes les guerres. Guerre de cent ans, guerres de religion, guerres de la révolution française, guerres familiales. L’idée m’a plu de panser ses plaies. J’aime raccommoder les erreurs de l’Histoire. »
André Vossen s’entoure de toutes les compétences, spécialiste des souterrains, de l’architecture bordelaise…et de la vinification, en la personne de Michel Rolland, star parmi les winemakers les plus recherchés au monde. Le résultat n’est pas terminé. Le chantier est titanesque. Mais la rencontre entre la pierre du haut moyen âge, les couleurs fanées des portes du XVIIIème siècle, les poutres intemporelles, les arcs gothiques, et le meilleur du design italien, anglais ou belge est saisissant. Un des lieux majeurs du vignoble puisque les mérovingiens y faisaient déjà leur vin, à l’abri de rocs de calcaire impressionnants.
Le cuvier, confié à Julien Raboin, est splendide, flanqué de sa tour à usage de laboratoire. La vendange arrive à l’étage sur des passerelles de chêne, et s’écoule, par gravité dans les cuves en contrebas. Vendange parcellaire pour une meilleure expression des aromes de chaque cépage et recoin du vignoble. Majorité de merlots, pour des vins fruités et élégants, bien typés, associés au cabernet sauvignon et au cabernet franc.
Quant au chai, en souterrain, au cœur de la forteresse, il respire la sécurité, nuancée de mystère, pour ses barriques sagement alignées. Miraculeusement retrouvée et épargnée par les engins de chantier, une source traverse le lieu de son murmure poétique.
Le reste est la part la plus personnelle du propriétaire et de sa famille, tous architectes et designers (Architectes KYO-CO Atelier. Joan Vossen et Stéphane Lebrun). Objets, œuvres d’art, totems sculptés dans les anciens tuteurs de la vigne, légers mobiles de couleur franche dans la cour, mobilier quotidien entièrement créé pour le lieu, appliques en forme de modernes flambeaux…
La noblesse des matériaux et la rigueur des lignes s’épousent dans la plus grande simplicité. Les artisans de la région, autant que les designers italiens ont été associés à la reconstruction. Une vision idéale de ce que peut être un patrimoine, respecté, enrichi, ouvrant la perspective non pas sur le repli mais sur la curiosité et l’avenir.
L’homme est chaleureux. Quand passe le facteur, c’est… madame le maire ! Et l’on comprend que ces nouveaux Francs- les premiers étaient venus de Tournai en Belgique, souligne André Vossen, comme pour se donner une légitimité à occuper les lieux- sont totalement adoptés sur ce terroir historique !
« Ad Francos » Château de Francs
33570 FRANCS
Tél 00 32 475 76 36 82
www.chateau-adfrancos.com
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